L' invitée du mois d'octobre 2021 : Fabienne DE COURBEVILLE

La notion de « prendre soin », au cœur de l’accompagnement médico-social de toute personne, adulte, adolescent.e ou enfant comme nous l’explique Fabienne DE COURBEVILLE, DRH de l’Association Régionale pour l’Intégration (ARI).

Quelques mots sur le médicosocial et l’ARI, son projet, ses actions et les objectifs visés ?

En ce moment, lorsqu’on parle dans les médias du médicosocial c’est essentiellement pour parler des EHPAD et de l’aide à domicile, alors que le secteur médicosocial c’est aussi l’accompagnement de très jeunes enfants, d’adolescent.e.s et d’adultes parfois tout au long de leur vie qui peuvent présenter des handicaps physiques, mentaux, sociaux… Les établissements et services qui accueillent ces personnes peuvent relever du secteur public, privé ou associatif.

Par exemple, notre association l’ARI, qui œuvre dans le champ du handicap en Provence gère des centres de consultations pour enfants (CAMSP, CMPP) qui permettent la prévention du handicap et le soin par exemple d’enfants présentant des troubles de l’attention, de l’attachement…, mais aussi des établissements spécialisés pour ceux avec des troubles psychologiques, un handicap mental ou moteur et du polyhandicap. L’association gère également des hôpitaux de jour accueillant notamment des jeunes enfants avec des troubles autistiques. Quant aux adultes, l’ARI dispose de foyers de vie, d’hébergement et des services d’aide par le travail.

Quels sont les métiers qui existent dans l’association ?

La richesse de ce secteur, outre bien entendu les personnes handicapées et leurs familles que l’on accompagne, c’est justement la diversité des professionnel.le.s et les métiers qu’il.elle.s occupent. On parle d’accompagnement des personnes car il s’agit, une fois le diagnostic établi par des médecins, psychologues, psychomotricien.ne.s, orthophonistes, ergothérapeutes, de participer à l’élaboration d’un projet qui peut-être de vie suivant la nature du handicap. Ensuite, l’accompagnement dans les activités qu’elles soient scolaires, sociales, culturelles voire au travail est réalisé par des éducateur.rices.

Les métiers éducatifs sont nombreux : éducateur.rice spécialisé.e, moniteur.rice éducateur.rice, éducateur.rice jeune enfant, éducateur.rice scolaire, moniteur.rice d’atelier, éducateur.rice technique…Il existe aussi une dimension de soin dans l’accompagnement qui est le plus souvent assuré par des AMP/AES, des aides-soignant.e.s, des infirmier.ère.s, kinésithérapeutes…

Comment ces personnes travaillent-elles au quotidien ?

Bien entendu le travail quotidien peut varier suivant le public accueilli et/ou le type d’établissement où l’on exerce mais le dénominateur commun est le travail en équipe pluridisciplinaire autour du projet de la personne en situation de handicap. Le travail se fait en lien avec sa famille avec pour objectif de lui permettre de se réaliser et de se sentir inclus dans notre société. De nombreuses activités sont organisées par les équipes qui visent à maintenir ou développer les compétences de ces personnes : voile, mosaïque, balnéothérapie, équithérapie, jardinage, sport….

Quel a été l’impact de la crise sanitaire dans vos établissements ?

L’ARI, on a noté une entraide formidable entre nos différents établissements. En effet, lors du 1er confinement une partie de nos établissements qui accueillent 24h/24 et 365 jours par an des personnes en situation de handicap sont restés ouverts tandis que certains établissements ou services ont dû suspendre leur activité. Des salarié.e.s sont venu.e.s en renfort dans les établissements ouverts, ont confectionné des masques en tissus quand les approvisionnements étaient impossibles. Rapidement, le travail s’est réorganisé en télétravail avec des suivis de soin, de rééducation et éducatif à distance grâce à la visioconférence, des visites à domicile. Chacun.e a continué à prendre soin y compris de la santé mentale des personnes accompagnées, de leurs familles et nous-mêmes avons pris soin de nos salariés.e.s.

Malgré tout, depuis ce 1er confinement, la crise du COVID perdure et impacte les équipes qui ont du mal à gérer accompagnement de proximité et distanciation sociale : comment maintenir la convivialité, apprendre à articuler quand l’orthophoniste et enfants portent des masques…

Le contexte actuel impacte-t-il vos recrutements ?

Si contrairement aux EPHAD et hôpitaux, nos établissements ont été en grande partie épargnés par les situations critiques, ils souffrent tout de même de la représentation qui a été faite par les médias des conditions de travail des personnels soignants.  Cela entraine par ricochet des difficultés de recrutement alors que nos conditions de travail sont très différentes. Par exemple, nos aides-soignant.e.s s’il.elle.s réalisent des soins et toilettes, mènent aussi des activités avec les personnes accompagnées, participent au projet de la personne, travaillent en équipe…

Ce secteur est peu connu, qu’auriez-vous à dire aux jeunes qui s’y intéressent ?

De nombreux postes sont à pourvoir, certains sont réglementés c’est-à-dire qu’on ne peut pas les exercer si on n’est pas diplômé.e. C’est le cas par exemple des assistant.e.s de service social, des infirmier.ère.s… En revanche, les métiers éducatifs sont accessibles via des formations en cours d’emploi : alternance, VAE, plan de développement des compétences… ce qui compte c’est l’engagement, la générosité, une éthique forte pour accompagner des personnes vulnérables qui sans nous ne peuvent s’inclure dans la société et y trouver leur place de citoyen. Si vous avez ces qualités, voulez avoir un métier qui ait du sens, nous pourrons vous former grâce à un plan de développement des compétences ambitieux.

Fabienne DE COURBEVILLE

DRH de l’Association Régionale pour l’Intégration (ARI) à Marseille