L'invité du mois d'avril : Anne-Laure NARDONE

Directrice de l’AMII,l’Agence pour une Mobilité Intelligente et Inclusive !

Zoom sur l’AMII : l’Agence pour une Mobilité Intelligente et Inclusive !

Présentez-nous l’AMII et votre parcours : 

Basée sur une activité de conseil aux entreprises, aux professionnel.le.s de l’emploi et de l’insertion, aux organismes de formation et aux Collectivités, l’AMII, créée en mars 2020, se positionne sur le champ de la mobilité inclusive et se développe sur 3 axes :
    1. la conduite et l’ingénierie de projet autour de la thématique « emploi/mobilité »
    2. la mise en réseau de partenaires – opérateur.trice.s de mobilité, entreprises, acteur.trice.s de l’emploi, associations, et collectivités – et de différents écosystèmes
    3. la mise en œuvre d’actions opérationnelles, sur-mesure, adaptées aux problématiques locales et s’appuyant sur l’offre de services existante.
Directrice de l’AMII, je suis titulaire d’un doctorat en sociologie et d’un titre d’adjoint.e de direction PME. J’ai exercé pendant 10 ans à la Maison de l’emploi de Marseille comme chargée de mission mobilité. J’ai pu y développer plusieurs dispositifs en direction des demandeur.euse.s d’emploi, des professionnel.le.s de l’insertion socio-professionnelle et des entreprises dans le champ de la mobilité durable et inclusive. Ayant contribué à de nombreux séminaires et colloques – Rencontres de La Mobilité Inclusive, Journées Mobilité Durable de Grenoble, Profession Banlieue… – je suis également Vice-Présidente Emploi de la Fédération des Acteurs des Plans de Mobilité, et à ce titre, j’ai participé à la rédaction en 2017 du guide des Plans de Mobilité destiné aux entreprises. Mes missions sont très diverses et c’est ce qui fait tout l’intérêt de ce travail. J’ai récemment collaboré avec des opérateurs de mobilité – publics ou privés – dans le cadre de réponses à des marchés publics, sur le volet des clauses sociales ou de plans d’actions RSE, et c’est encore le cas aujourd’hui. Actuellement, je développe des actions d’apprentissage de la mobilité destinées aux jeunes pour des associations comme Sport dans la Ville, assure l’ingénierie d’un dispositif visant à former des publics Mission Locale au métier de cyclologisticien.ne, je travaille également avec La Cité des Entrepreneurs d’Euroméditerranée autour d’un futur plan de mobilité et, j’accompagne la Commissaire à la Stratégie de lutte contre la Pauvreté sur le déploiement des politiques de mobilité inclusive en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Enfin, en début d’année, j’ai lancé avec l’un de mes partenaires, Coucoun, une série de défis et d’ateliers sur la Mobilité et le Bien-Être ; nos 2 sujets venant se nourrir l’un l’autre. Le développement de nouvelles pratiques de mobilité implique une évolution des comportements et je crois beaucoup au ludique, à des choses concrètes et simples pour atteindre cet objectif.

Les questions de mobilité et d’emploi, c’est quoi ?

Les inégalités et la précarité face à la mobilité sont aujourd’hui bien connues. Comme le souligne l’un des derniers rapports du Laboratoire de la Mobilité Inclusive, les personnes en recherche d’emploi, en insertion, les plus jeunes, peu autonomes en matière de mobilité, les familles monoparentales, mais aussi les travailleur.euse.s précaires, travaillant en horaires décalés ou dans des secteurs d’activité sous tension comme celui du bâtiment ou des services à la personne, sont particulièrement concerné.e.s par ces inégalités.

La moitié d’entre eux.elles ne possèdent pas de permis de conduire, deux tiers n’ont aucun véhicule à leur disposition, ils.elles recourent surtout à la marche et prennent les transports en commun quand ils.elles le peuvent. 25 % ne disposent d’aucun moyen de se déplacer.

    • Selon l’Ademe, sur 20% de la population en âge de travailler qui souffrent de ne pas avoir un accès facile à la mobilité, 1/3 des jeunes sans diplôme aurait déjà refusé un emploi en raison de difficulté de transport.
    • Une enquête du CEREMA montre que la part des ménages non motorisés est plus importante dans les Quartiers Prioritaires de la Ville (+12 à 17 points) et que la possession du permis y est plus faible (-22 à -25 points)*.
    • Quand on sait que 90% de l’accès aux zones d’activités se fait en voiture sur la Métropole Aix Marseille Provence, on comprend bien que les questions de mobilité et d’emploi sont totalement imbriquées.
    • Enfin, 60% des jeunes qui ont le permis B trouvent un emploi contre 30% pour ceux qui ne l’ont pas.

Sur le territoire de la Métropole Aix Marseille, les acteurs des 260 zones d’activités sont impactés par ces questions de mobilité avec plus de 90% de l’accès qui se fait en voiture et des problématiques de recrutement et de maintien dans l’emploi très importants. Pour autant, les territoires sont contrastés, les problématiques et les filières d’activités différentes ainsi que les attentes. Aussi, il est nécessaire de proposer des réponses sur-mesure, en lien avec l’ensemble de l’écosystème.

* « A Marseille, 30 600 chômeur.euse.s et inactif.ve.s sont sans voiture, 44 000 sans permis », Mobilit(é)s, le Livre Blanc des Transports Métropolitains Aix Marseille Provence, décembre 2014.

Valentine Cornil

Association CORNIL